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GRANDES CUESTIONES EPISTEMOLOGICAS


Enviado por   •  28 de Octubre de 2014  •  6.079 Palabras (25 Páginas)  •  208 Visitas

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GRANDES QUESTIONES EPISTEMOLOGIQUES ET SCIENCES DE GESTION

Par Alain Charles Martinet

Les gestionnaires sont des gens sérieux et efficaces qui n'ont donc pas de temps à perdre dans une quelconque réflexion épistémologique. L'importance et l'urgence des problèmes que rencontrent les entreprises les invitent "au contraire” à produire concepts, méthodes et outils censés permettre la résolution de ceux-là.

Si ce n’était la fréquence de son affirmation, parfois sonore, le plus souvent silencieuse, cette position prêterait à sourire tant elle est insignifiante. N'aurait-elle pas remplacé d’ailleurs, dans l'esprit de Ses tenants, le "moi, Monsieur, je ne fais pas de théorie" que l'on entendait si souvent lorsque la fabrication de discours sur l'entreprise et sa gestion était reléguée dans quelques arrière-cours où bricolaient des artisans tolérés par les clercs des disciplines "nobles" et inaperçus des hommes d’action?

Le désormais vaste et hétérogène ensemble des producteurs de sens dans le domaine -chercheurs, enseignants, consultants, praticiens eux-mêmes- ne saurait se satisfaire encore longtemps d'un clivage fallacieux, mythique ou idéologique, entre ceux qui "feraient de l'épistémologie" et ceux qui "auraient mieux à faire".

D'abord, et évidemment, parce qu'il suffit d'écrire ou de prononcer une phrase réputée fragment de connaissance pour adopter ipso facto des positions épistémologiques. Ensuite parce que les "sciences de gestion" affrontent aujourd’hui une turbulence sinon une crise (1) épistémologique probablement sans précédent. Moins du fait de leur relative jeunesse -comme système de production de corps de connaissance et non comme ensemble de pratiques bien sûr- que de l'épuisement et de la remise en cause du paradigme dominant à l'abri duquel elles ont peu ou prou fonctionné tout au long de ce XXe siècle finissant.

Ne nous trompons cependant pas de cible. Inviter les intéressés eux-mêmes, et spécialement les auteurs de la discipline, à de plus fréquentes et systématiques interrogations épistémologiques ne saurait signifier une quelconque volonté de (ré) constituer, dans un domaine qui en serait dépourvu, une instance de savoir prétendue extérieure et supérieure, juge en dernier ressort du recevable, du scientifique, du conforme à des règles réputées incontournables.

Moins arrogante dans ses ambitions mais plus pertinente dans ses enseignements, cette invitation pointe seulement l'impérieux besoin de la connaissance en gestion de "se réfléchir, reconnaître, situer, problématiser" (2). Nécessité quasi permanente donc d’explicitation des présupposés, des fondements théoriques et doctrinaux, de mise à niveau de conscience des modèles de l'humain, du social, de l'organisation, de l'économique, du politique... que charrient inexorablement les instruments de gestion même (surtout) les plus techniques en apparence.

Tâche d'autant plus capitale que la gestion est d'abord et surtout production/utilisation d'artifices, de signes, de symboles. De l'administration des choses au gouvernement des hommes en passant par celui des "mots d'ordre" (3), cette production doit s'autocontrôler et autoriser le contrôle extérieur sauf à sombrer et surtout à étouffer les entreprises sous l'amoncellement chaotique, et bientôt dénué de sens, d'artifices de plus en plus "sophistiqués" et de moins en moins efficaces ou pire encore, à se faire le gant brodé de scientisme de la seule manipulation des hommes.

Invitation qui, au fond, n'est pas tant à "faire de l'épistémologie" qu'à affirmer l'intention scientifique dont chacun peut admettre avec le logicien J. Ladrière, qu'elle caractérise au moins un mode de connaissance critique, contrôlant ses propres démarches, explicitant ses critères de validation et élaborant des méthodes qui autorisent l'élargissement du champ du savoir (4).

A la décharge de la discipline, force est de reconnaître que la relation entre la gestion et la science traditionnellement conçue ne pouvait entre évidente, du fait même des visées de chacune. Elle ne l'a d'ailleurs pas été comme l'illustre un repérage historique rapide, partiel mais éclairant. En présence de cet héritage il reste nécessaire d'examiner le "comportement" des sciences de gestion à l'égard des grandes questions que travaille l'épistémologie. Il sera alors possible de suggérer une ouverture des méthodes, mieux à même, selon nous d'autoriser le projet spécifique des sciences de gestion.

1. SCIENCE ET GESTION: UNE RELATION DIFFICILE

Si l'histoire de la gestion reste largement à construire, il n'est pas impossible de tirer les implications d'une genèse chaotique tant au plan de la pensée qu'à celui de son institutionnalisation.

1.1. Les avatars historiques de la gestion

Depuis l'Economique de Xénophon (Ve av. J.C.), qui était un art de la gestion (des domaines, de la Cité), cette dernière a été récupérée par la pensée économique qui s'est rapidement centrée, sur le bien commun, l'intérêt général… ou celui du Prince (Mercantilistes).

Il faut attendre Adam Smith (1776) pour que le travail de l'homme, et non plus l'or ou la terre, soit désigné comme le principal facteur de la richesse des nations, suivant en cela les philosophes britanniques (Hobbes, Locke...). L'homme principe de production, la division du travail, la constitution du capital fixe et circulant, le rôle des prix et du marché, la main invisible bien sûr... autant de thèmes analysés par Adam Smith que l’on situerait aujourd'hui à "l'interface" entre l'économie et la gestion. Jean­ Bapt1ste Say, économiste et filateur, devait accuser cette assimilation en devenant le doctrinaire de l'industrie et de l'entrepreneur.

Si les premiers classiques savent s'intéresser à la fois à la micro et à la macroéconomie, au concret et à l’abstrait, il n'en va plus ainsi dès Ricardo et, a fortiori, chez les néo-classiques. L'introduction du calcul marginal, de l'homo-œconomicus, de la mécanique sociale ... exclut l'entreprise comme objet d’analyse. Exclusion raffinée à partir de 1875 avec la théorie de l'équilibre généra de Walras et de l'optimum social de Pareto. Seul Alfred Marshall, père, dit-on,

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