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Les grandes étapes d’une recherche scientifique

Tutorial19 de Febrero de 2013

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Notes Séminaire de travail universitaire.

CHAPITRE 1

Les grandes étapes d’une recherche scientifique

La critique historique est réputée être un cours de méthode, de méthode qui fournit en quelque sorte le cadre général de la recherche scientifique. Plutôt que de faire un long exposé abstrait et aride, je vous propose un petit détour empirique, pratique, par un exemple concret de démarche « scientifique » : les étapes de la démarche apparaîtront alors clairement et elles nous fourniront le plan du cours.

A. APPROCHE EMPIRIQUE DU CONCEPT DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Il s’agit évidemment d’une démarche en «sciences humaines» (les sciences exactes ont leur propre démarche) et d’une démarche « pratique » : on ne s’embarrasse pas pour l’instant d’une réflexion théorique sur l’épistémologie, c’est-à-dire sur la portée et les limites de la connaissance humaine : que pouvons-nous connaître réellement.

Toute recherche se fonde sur une source. Définition : « toute trace laissée par l’Homme et étudiée par un savant pour reconstituer, comprendre, expliquer ou prédire le comportement de l’individu ou du groupe, au sens très large ».

Lorsque le chercheur est en contact direct avec cette source, on dit qu’il mène une recherche de «première main». Par contre, s’il utilise les travaux déjà réalisés par quelqu’un d’autre, on parle de recherche de «seconde main». Exemple : si je m’intéresse aux résultats des dernières élections, ma « source », ce sont tous les résultats par circonscriptions électorales. Si je me propose de les analyser directement, je fais un travail de «première main» ; par contre, si je me propose de les analyser sur bases des travaux qui y ont déjà été consacré (et qui eux ont travaillé directement sur les résultats électoraux), je fais un travail de «seconde main». On reviendra sur cette notion de source au chapitre 3.

Toute étude scientifique répond à un objectif général. Cet objectif peut être très précis et très pragmatique. Il appartient dès lors à la recherche dite «appliquée». Exemples : un sondage préélectoral pour un parti politique ou une analyse de la conjoncture économique pour une banque. Mais cet objectif peut aussi être théorique (le comportement général de l’« homo politicus », par exemple : quels sont les facteurs généraux qui conditionnent le choix électoral ?). Dans ce cas, la recherche est dite «fondamentale» : on ne s’intéresse pas à l’aspect pragmatique, utile, voire rentable ; il s’agit plutôt de l’«art pour l’art» : on s’intéresse à la connaissance pour elle-même, indépendamment de ses implications pratiques.

La notion de période d’observation peut également être un élément de compréhension. Une recherche étudie un phénomène, tantôt en privilégiant le fait que celui-ci évolue avec le temps (diachronie), tantôt en analysant, à un moment donné, la structure, les composantes du phénomène et leur interaction (synchronie).

Exemple : je m’intéresse à l’évolution séculaire de la population mondiale : je fais une étude diachronique ; je m’intéresse, aujourd’hui, en 2009, à l’état de la population belge et à tous les facteurs qui la conditionnent (émigration/immigration, natalité/mortalité, etc.) : je fais alors une étude synchronique.

On dit parfois d’une science qu’elle est « positive ». Le terme « positif » s’oppose ici au terme normatif. L’étude des normes ou du droit mériterait l'épithète de normatif alors qu’une description des comportements sociaux, économiques ou politiques, suivie d’une interprétation et d’une explication de ceux-ci, appartiendrait à une science positive. L’idée fondamentale est qu’une science « positive » apporte une connaissance sur la réalité humaine ; ce n’est pas le cas d’une science normative, qui vise elle à simplement « organiser » la vie sociale, souvent d’ailleurs en se fondant sur les sciences positives.

La science est dite aussi parfois « cumulative ». En fait, une démarche scientifique ne part jamais de nulle part : nos connaissances s’appuient toujours sur les travaux de nos prédécesseurs et nos propres travaux serviront peut-être de point de départ pour de nouvelles recherches. Un chercheur constitue toujours un maillon d’une chaîne de connaissances où chacun apporte une pierre à l’édifice global qui se construit de génération en génération : en ce sens, la science est dite cumulative.

B. UN EXEMPLE SIMPLE DE RECHERCHE

Toute recherche scientifique est par définition originale, propre à un chercheur, à ses préoccupations, etc. Mais sa démarche se décompose en fait en un certain nombre d’étapes correspondant à un schéma général. La bonne compréhension d’un cours de critique historique suppose que l’on connaisse ces étapes. Permettre à l’étudiant de première année d’appréhender celles-ci est donc indispensable. Mais c’est là, on en convient, une des difficultés majeures. On va prendre ici un exemple concret qui illustre cette démarche générale et qui nous permettra de définir le plan de la suite du cours (dans le manuel, il y en a un deuxième exemple, de même que deux lectures qui essaient d’illustrer le parcours du scientifique : vous les verrez par vous-même).

1. Exemple : évolution de la fécondité des couples dans une ville

Imaginons l’interrogation suivante : comment la société où nous vivons «accueille-t-elle» l’enfant ?

Vaste question. On peut penser qu’une des nombreuses sous-questions à traiter sera de savoir si les couples, au sein de cette société, désirent avoir des enfants ou non.

Assez naturellement alors, on pensera que connaître le nombre d’enfants mis au monde par chacune des femmes permet le constat d’une situation existante.

Et l’évolution de ce nombre sur une vingtaine d’années ou plus permettra de voir d’où l’on vient en la matière. Voilà la question grossièrement posée.

Première démarche : se demander si quelqu’un n’a pas déjà répondu à cette question. Il est inutile en effet d’enfoncer des portes ouvertes. Si ce travail existe, après la lecture de celui-ci, on saura si la réponse à la question est donnée. Peut-être n’est-elle pas satisfaisante à cent pour cent. Dans ce cas, il reste à approfondir la partie non couverte par cette étude. Lire. Tout ce qui est paru et qui touche de loin et de près à la problématique. En d’autres termes, faire l’état de la question. Cela permet aussi, à l’aide de ces travaux, de préciser l’objectif poursuivi et de dresser un inventaire des méthodes à suivre pour répondre au mieux à notre préoccupation.

Dans l’exemple présent, puisqu’il s’agit de prendre la mesure du nombre d’enfants, on aura le choix entre plusieurs techniques. Deux de celles-ci suffisent à illustrer le propos.

Soit, dans la communauté que nous étudions, calculer chaque année le rapport entre le nombre de naissances et l’effectif de sa population durant cette unité de temps. Le résultat, donné en «pour mille habitants», s’appelle taux de natalité.

Soit chiffrer ce que le démographe appelle la fécondité : la fréquence (en pour mille) des naissances au sein d’une sous-population en âge de procréer (le groupe des femmes de 15 à 50 ans par exemple).

Si l’on compare ces deux méthodes en termes de difficulté qu’il y a à rassembler les données permettant les calculs évoqués, on se rend vite compte que le taux de natalité est beaucoup plus expédient. En effet, son calcul ne requiert pas de faire la distinction, au sein de l’effectif de population, entre les sexes et encore moins de ventiler par groupe d’âge.

Deuxième étape : durant ces lectures encore, de nouvelles interrogations, auxquelles on n’avait pas songé soi-même en première approche, se font jour : quel peut être l’impact du phénomène sur les besoins du système d’éducation ? sur le régime des pensions ? Par quoi le phénomène lui-même est-il influencé : par l’âge de la femme ? par la nationalité ? par le niveau intellectuel, social, par la religion ? etc. Conclusion : dès lors, avant toute recherche personnelle sur le terrain, il s’agit donc de dresser le questionnaire (la problématique) qui nous guidera tout au long du travail.

On peut dès lors choisir sa méthode.

Étant donné les difficultés évoquées, supposons que l’on opte pour le recours au taux de natalité. On va se convaincre aussitôt de l’imperfection de cette méthode que des contraintes de temps, ou de moyens peut-être, nous imposent. Elle ne sera pas aussi précise que le taux de fécondité puisqu’elle va nous amener à mêler les sexes et les âges. Le taux de natalité va rendre imparfaitement compte du niveau de fécondité chez les femmes de la communauté étudiée.

Troisième étape : la collecte des données.

En résumé, nous avons besoin, année après année, de l’effectif de population et du nombre de naissances. Commence maintenant la recherche de cette information. Existe-t-elle d’abord ? Si oui, où est-elle localisée ? Son siège connu, est-elle accessible ?

OUI : En Belgique, toutes les administrations communales communiquent ces chiffres à l’Institut National de Statistique qui publie annuellement les résultats par arrondissement dans l’Annuaire statistique de Belgique disponible dans toute bibliothèque scientifique qui se respecte.

Nous avons donc le choix – si le cadre de notre enquête est l’arrondissement ou la province – : soit nous

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