La Dictadura Perfecta - Análisis En Francés
TjoannaNramirez26 de Abril de 2015
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Démocratie et Démocratisation
Olivier Dabène
Année universitaire 2014/2015
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La démocratie fait son cinéma.
Regard sur la démocratie mexicaine au XXIème siècle :
Médias, Violence et Politique
Cas d’étude
« La Dictadura Perfecta », une satire politique de Luis Estrada (11/2014)
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Un travail réalisé par Tahnee Nemo Ramirez
M1 Sociologie Politique Comparée
M1 Sociologie Politique Comparée
SOMMAIRE
3 Fiche 1 : Résumé du film
4 Fiche 2 : Un casting inégal
5 Introduction
7 I. « La Dictature Parfaite » chez Luis Estrada
7 A. Un régime politique aux mains des médias ?
1. Pouvoir et duopole médiatique au Mexique : la télévision, clé du pouvoir ?
2. Télévision et mémoire politique : quelle citoyenneté face à la « politique du mensonge » ?
9 B. La Violence en politique : cause et source des limites de la démocratisation ?
10 C. Une société civile absente face au monstre politico-médiatique ?
11 II. Cinéma et politique au Mexique : résistance culturelle dans une dictature parfaite ?
11 A. Cinéma et politique au Mexique, un genre limité ?
12 B. Luis Estrada : un résistant culturel qui fait son cinéma à la politique…
13 C… mais va-t-il assez loin dans sa capacité critique ?
14 III. Le cas d’Ayotzinapa: quand satire et réalité se confrontent
14 A. Ayotzinapa : scandales politico- médiatiques révélateurs des limites et de la fragilité de la démocratie mexicaine ?
15 B. Entre satire et réalité, le Mexique n’est-il qu’une autre démocratie imparfaite ?
16 Conclusion
18 Bibliographie
« LA DICTATURA PERFECTA » (Luis Estrada, 2014):
RÉSUMÉ DU FILM
Avec une volonté humoristique et satirique, le long métrage de Luis Estrada fait constamment référence à des personnages et à des moments de l’histoire politique récente du pays. Au delà du synopsis même, une intéressante fusion de personnages et d’événements est réalisé dans un anachronisme qui semble volontaire. Estrada illustre ainsi une certaine intemporalité de ces cycles de corruption et manipulation des images, véritable serpent qui se mort la queue et auquel il semble impossible d’échapper.
La première scène se déroule au Palais National. Le nouvel ambassadeur du Président Obama et un Président mexicain vaguement (ressemblant au Président Peña Nieto) se réunissent pour une première rencontre officielle. L’Ambassadeur annonce la volonté du Président Obama de renforcer et d’améliorer les relations Mexicanos- étatsuniennes. Une première référence est faite à la déclaration raciste du Président Fox dans les années 2000. Dans un anglais dont l’intonation est particulièrement hispanique, le Président mexicain indique à son invité la qualité de ses citoyens qui mériteraient à ce qu’on leur ouvre les frontières étatsuniennes. Ils seraient prêts à faire « tous les travaux sales que même les noirs n’accepteraient plus de faire ». Le scandale éclate et les premières illustrent l’explosion sur les réseaux sociaux de critiques satiriques et caricatures autour de la scène. Dès lors, une opposition est faite. Les jeunes ont accès et participent de ce dialogue satirique alors que les populations plus modestes se retrouvent derrière leur poste de télévision où les journaux du soir annoncent le succès de cette première rencontre en évitant toute notification de l’incident. Cette première partie donne le la de la suite du long métrage.
Bientôt, il faut trouver un moyen de stopper les critiques extra –médiatiques (ce qui sous entend hors du réseaux du duopole télévisuel). « Los Pinos » rentrent directement en contact avec la chaine de diffusion Television Mexicana (tx mx, qui renverrait à Televisa) avec grand naturel, afin que l’image du Président soit rétablie. La première chaine nationale lance donc une vidéo scandale qui montre le gouverneur Carmelo Vargas s’adonner avec gourmandise aux joies de la corruption, en recevant une valise de billets provenant des réseaux narco locaux. À nouveau, on fait ici référence aux publications d’enregistrements de conversations entre des fonctionnaires et des narcotrafiquants. Immédiatement, le gouverneur prend les mesures nécessaires pour rétablir son image en mettant le prix d’un « pack » récupération d’image auprès de la même « entreprise ». Avec la même logique, l’équipe diffuse un nouveau drame national : la disparition de deux jumelles dont la recherche devient le reality show suivi par l’ensemble du pays. Le cas des jumelles rappelle étrangement le scandale autour de la petite Paulette il y a quelques années. Estrada illustre ainsi un pouvoir médiatique tout puissant capable d’agencer les agendas politiques et surtout, de manier les têtes de l’hydre du système de corruption du pays. Il dresse le tableau d’un pays traversé par la violence au sein même des cercles de pouvoir, avec l’exemple du gouverneur Vargas expliquant comment marche la politique dans son pays. La politique en ce sens se fait à coups de caméras, de liasses de billets et de coups de revolver bien dissimulés (illustrés par l’assassinat de ses collaborateurs ou du représentant de l’opposition se battant pour la Justice dans son Etat que l’on fait passer pour un suicide, faisant référence à la vidéo du député Bejarano). Ce définition perdure par la progression des moyens de communication et de leur omniprésence dans la vie des citoyens, mais aussi de l’incessant développement des réseaux narco au Mexique qui font circuler des flux d’argent colossaux dans le pays souvent en concertation avec les politiques locaux. Le XXIème, après l’espoir d’une transition démocratique dans les années 1990-2000, ne réunirait-il pas à nouveau les conditions pour une pratique autoritaire du pouvoir ? Les fantômes de la dictature parfaite hanteraient ils l’actuelle démocratie encore trop imparfaite pour se protéger ? Si l’on peut considérer que le traitement médiatique d’Enrique Peña Nieto l’a fait élire en dépit de ses nombreuses affaires de corruption, qu’est-ce-qui empêchera la télévision d’influencer à nouveau les masses vers le retour à cette pratique non représentative des instruments de la démocratie ?
UN CASTING INÉGAL MAIS SIGNIFICATIF
De la gauche vers la droite, en ligne.
Damián Alcázar , gouverneur Carmelo Vargas.
Sergio Mayer, Président de la République.
Joaquí Cosío, Agustín Morales, leader de l’opposition dans l’Etat de Vargas.
Osvaldo Benavides, reporter de TV MX.
Alfonso Herrera Carlos Rojo, producteur de TV MX.
Saúl Lisazo, Présentateur télévisuel de renom.
Silvia Navarro, mère des jumelles.
Arath de la Torre, Carmelo Vargasque, main droite du gouverneur.
Tony Dalto, Directeur de la télévision Mexicaine.
María Rojo, femme associée à séquestratio
Le casting présente deux acteurs majeurs du cinéma mexicain. Nous ferons référence bien évidemment aux performances de Damian Alcazar et de Joaqui Cosio. Déjà présents dans le précédent film d’Estrada « El Infierno », ces figures du cinéma mexicain apporte qualité et continuité au travail du réalisateur. Cependant, le choix du casting peut être jugé inégal de part l’origine de ses principaux acteurs principaux. En effet, tant Alfonso Herrera comme Tony Dalto, en dépit d’une grande popularité nationale, sont issus du genre de la télénovela dont l’approche diffère et se reconnaît dans le jeu d’acteur. Comment justifier le choix d’unir des acteurs de rangs et pratiques si différents ? Peut être peut-on y voir la volonté de faire un film de qualité, à la fois très populaire et attractif pour tout public. Dans logique d’engagement politique, ce mixte singulier permettrait à Estrada d’élargir son audience, et peut être de toucher et éveiller davantage les mentalités. La pari semble néanmoins tenu, avec un jeu qui dans l’ensemble répond aux enjeux du long métrage.
Introduction
« They who have put out the peoples eyes reproach them of their blindness »
John Milton (1642)
Dictature parfaite ou démocratie imparfaite :
un rapport singulier à la démocratie
Le Suffrage Universel Masculin apparaît au Mexique dans la toute première constitution de 1857. De ce fait, l’ancrage démocratique se fait exceptionnellement tôt pour le continent latino-américain. Pourtant dans la pratique, la révolution de 1910 donne lieu à une institutionnalisation singulière qui mènera à 70 ans de règne du Parti Révolutionnaire Institutionnalisé (PRI). De 1930 à 2000, le Mexique est donc traversé par une « dictature de parti » unique et enviée par ses voisins autoritaires latino-américains. Ni tout à fait autoritaire, et loin d’être démocratique, la République Mexicaine sous la PRI, le parti caméléon, instaure un système d’équilibre durable basé sur une pratique d’achat des votes électoraux, de contrôle des
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